THE LIMITATION OF THE BASE FOR WITHHOLDING TAX ON NON-COMMERCIAL INCOME: ILLUSTRATION OF A DELICATE BALANCE

[:en] CE 22-11-2019 n° 423698 THE SEARCH FOR A NECESSARY BALANCE The fight against tax fraud and tax evasion is a fundamental objective for States today and many provisions of French tax law are designed to prevent, or at least limit, the risks of tax abuses. However, this fight must be pursued in accordance with the main principles laid down in particular by the Declaration of the Rights of Man and of the Citizen (equality of all before the law) and by the Treaty on the Functioning of the European Union (free movement of goods, capital, services, and persons). The difficulty then lies in finding this delicate balance between, on the one hand, respect for these freedoms and, on the other hand, the need to impose fiscal constraints to safeguard the legitimate interests of States.  In order to fight against tax evasion, France has adopted a set of laws aimed at ensuring the withholding and deduction at source of certain income or profits from French sources paid to persons domiciled outside France for tax purposes.  The decision of the Conseil d’État, brought to our attention, concerns one of these mechanisms, namely Article 182 B of the French General Tax Code. In concrete terms, this means that sums paid to persons who do not have a permanent place of business in France, as remuneration for an activity that they undertake in France in the exercise of their non-commercial professions, give rise to the application of a withholding tax, without taking into account the expenses incurred for this activity.  Thus, while the French tax resident is taxed on his net income, with all charges deducted, the non-resident is taxed on his gross income, without the possibility of deducting the charges incurred in the course of his activity.  This results in unequal treatment between the tax resident and the foreign tax resident.   AN INEQUALITY VALIDATED BY THE CONSTITUTIONAL COUNCIL: THE NEED TO GUARANTEE THE AMOUNT AND COLLECTION OF THE TAX The Constitutional Council has validated such a method of calculation, considering that although it leads to a difference in treatment with residents who are taxable solely on their own benefit, it does not, however, lead to a breach of equality before the law because this difference in treatment is based on an objective and rational criterion, that of guaranteeing the amount and collection of the tax (Cons. const. 24-5-2019 No. 2019-784). AN INFRINGEMENT OF THE FREEDOM TO PROVIDE SERVICES TOO GREAT FOR THE STATE COUNCIL However, the Conseil d’État does not see it that way and considers this method of calculation to be inconsistent with Articles 56 and 57 of the Treaty on the Functioning of the European Union. The impossibility for the debtor of withholding tax to deduct professional expenses directly related to the activity carried out in France incurred by the non-resident beneficiary from the income is contrary to the freedom to provide services. This decision, which makes a lot of sense, could have significant implications for non-residents and is not without recalling the existing provisions already in force for French tax non-residents known as “Schumacker”, who may, as long as their income from French sources is greater than or equal to 75% of their worldwide income, be exempted from the withholding tax and deduct the expenses relating to their income in the same way as a French tax resident.  It remains to be seen whether this decision of the Conseil d’Etat will result in a recasting of Article 182 B of the General Tax Code.  Johann OLLIVE and Gaétan Di Martino [:fr]

CE 22-11-2019 n° 423698

LA RECHERCHE D’UN EQUILIBRE NECESSAIRE

La lutte contre la fraude et l’évasion fiscale constitue aujourd’hui un objectif fondamental pour les Etats et nombreux sont les dispositifs du droit fiscal français visant à empêcher, à tout le moins à limiter, les risques de dérives fiscales.

Cette lutte doit toutefois être poursuivie dans le respect de grands principes posés notamment par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (Egalité de tous devant la loi) et par le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (libre circulation des marchandises, des capitaux, des services et des personnes)

La difficulté réside alors dans la recherche de cet équilibre délicat entre, d’une part, le respect de ces libertés et, d’autre part, la nécessité de poser des contraintes fiscales afin de sauvegarder les intérêts légitimes des Etats. 

Afin de lutter contre l’évasion fiscale, la France s’est dotée d’un ensemble de textes visant à assurer la retenues et le prélèvement à la source sur certains revenus ou profits de source française versés à des personnes fiscalement domiciliées hors de France. 

La décision du Conseil d’Etat portée à notre étude concerne l’un de ces mécanismes, à savoir l’article 182 B du Code Général des impôts. Il en ressort concrètement que les sommes versées à des personnes n’ayant pas en France d’installation professionnelle permanente en rémunération d’une activité qu’elles réalisent en France dans l’exercice de leurs professions non commerciales donnent lieu à l’application d’une retenue à la source, sans prise en compte des charges exposées pour cette activité. 

Ainsi, alors que le résident fiscal français est imposé sur son revenu net, toutes charges déduites, le non-résident se voit imposer sur son revenu brut, sans possibilité de déduire les charges supportées dans le cadre de son activité. 

Il en résulte une inégalité de traitement entre le résident fiscal et le résident fiscal étranger.  

UNE INEGALITE VALIDEE PAR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL : LA NECESSITE DE GARANTIR LE MONTANT ET LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT

Le Conseil constitutionnel a validé un tel mode de calcul, considérant que s’il entraîne une différence de traitement avec les résidents imposables sur leur seul bénéfice, il n’entraîne cependant pas une rupture d’égalité devant la loi car cette différence de traitement est fondée sur un critère objectif et rationnel, celui de garantir le montant et le recouvrement de l’impôt (Cons. const. 24-5-2019 no 2019-784)

UNE ATTEINTE TROP GRANDE A LA LIBRE PRESTATION DES SERVICES POUR LE CONSEIL D’ETAT

Le Conseil d’Etat ne l’entend toutefois pas ainsi et juge ce mode de calcul non conforme aux articles 56 et 57 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. L’impossibilité pour le débiteur de la retenue à la source de déduire les frais professionnels directement liés à l’activité déployée en France exposés par le bénéficiaire non-résident des revenus est contraire à la libre prestation de services.

Cette décision, lourde de sens, pourrait avoir des incidences importantes pour les non-résidents et n’est pas sans rappeler les dispositions existantes d’ores et déjà pour les non-résidents fiscaux français dit « Schumacker », lesquels peuvent, dès lors que leurs revenus de source française sont supérieurs ou égaux à 75% de leurs revenus mondiaux, être dispensés du prélèvement à la source et déduire les charges afférentes à leurs revenus de la même manière qu’un résident fiscal français. 

Il convient désormais de voir si cette décision du Conseil d’Etat aura pour incidence une refonte de l’article 182 B du Code Général des impôts. 

Johann OLLIVE et Gaétan Di Martino

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